LA MISSION DE SOEUR FAUSTINE


«O Dieu, objet de mon amour, je sais que ma mission commencera seulement à ma mort» (Mai 1938).

En quoi consiste donc cette mission? A prêcher la puissance de la Miséricorde Divine, à graver dans les âmes indifférentes, médiocres, se fiant à elles-mêmes, une confiance illimitée en l'incommensurable bonté de Dieu. Laissons parler le Christ:

«Ta mission est d'avoir une confiance sans bornes à l'égard de ma bonté, et mon devoir est de te gratifier de tout ce dont tu as besoin. Je me fais le débiteur de ta confiance: si ta confiance est grande, ma libéralité sera sans mesure.» L'Ecriture Sainte et la théologie catholique ne font que confirmer la présente affirmation.

Devant l'énormité de la tâche, le Christ insiste: «Ma fille, aie soin de noter fidèlement chaque phrase que Je te dicte sur ma Miséricorde, ceci pour le profit d'un grand nombre d'âmes».

Trente-sept ans sont passés, et nous constatons avec une joie profonde que les paroles de la «secrétaire» de Jésus n'ont rien d'exagéré. Grâce à elles, des milliers d'âmes ont retrouvé le chemin de la confiance qui mène au Christ. «Un jour que je demandais au Seigneur comment Il pouvait supporter, sans les châtier, tant de crimes et de délits, Il me répondit: «Pour le châtiment, J'ai toute l'éternité, mais à présent Je prolonge le temps de ma Miséricorde. Malheur à ceux qui ne connaîtront pas le temps de ma visite. Ma fille, secrétaire de ma Miséricorde, Je t'ordonne non seulement d'écrire et de prêcher ma mansuétude, mais d'obtenir par tes prières qu'ils vénèrent aussi ma Miséricorde.» Paroles qui devraient être méditées!

La sainteté personnelle de Soeur Faustine et l'héroï-cité de ses vertus prouvent suffisamment la puissance et l'efficacité de la Miséricorde dans les âmes dociles aux inspirations du Saint-Esprit. Les desseins de Dieu étaient nets: Soeur Faustine devait être «une reproduction vivante de la Miséricorde», une figure qui rappellerait constamment à l'humanité que le Sauveur est «d'abord Roi de la Miséricorde», avant de venir, à la fin des temps, «comme Juge équitable» (Journal).

C'est pourquoi, tant que nous sommes sur terre, nous devons tirer parti des grâces de Son extrême bonté. Indépendamment des pratiques habituelles: sacrements, prières, actes de miséricorde envers l'âme et le corps, Soeur Faustine recommande des moyens adéquats à cette dévotion.

I. — Les Prières formulĂ©es dans son Journal, se distinguent par la profondeur des idĂ©es, thĂ©ologiquement fondĂ©es. Si les Invocations jouent un rĂ´le important, la Couronne propre Ă  cette dĂ©votion est chère au Christ MisĂ©ricordieux, Ă  en juger le texte qui suit:

«Récite quotidiennement et sans cesse cette couronne que Je t'ai enseignée. Quiconque la récitera obtiendra à l'heure de la mort une grande grâce de ma Miséricorde. Les Prêtres la conseilleront aux pécheurs, comme la dernière planche de salut; même s'il devait être le plus endurci des pécheurs, celui qui la récitera une fois, recevra des grâces de mon infinie Miséricorde.

«Je désire que le monde entier connaisse ma Miséricorde; Je désire accorder des grâces incalculables aux âmes qui mettent leur confiance en ma Miséricorde».

La Neuvaine mérite une attention toute particulière. Nous nous sommes efforcés, dans la mesure du possible, de traduire littéralement l'original, sans recherche de style, ceci pour permettre aux idées d'aller droit au coeur. Tout comme la dévotion en général, les prières qui font suite se caractérisent par le fait qu'on ne peut les réciter, le coeur tiède et indifférent,

II. — Que ce soit pour Ă©veiller la confiance, pour propager la dĂ©votion ou pour pratiquer tout simplement la misĂ©ricorde chrĂ©tienne, le Tableau du Très MisĂ©ricordieux Sauveur est un prĂ©cieux stimulant. Certes, ce n'est qu'une reprĂ©sentation sensible de l'extrĂŞme bontĂ© du Coeur de JĂ©sus ainsi que de toute sa Personne divine — dans sa nature humaine — mais combien Ă©loquente! Sur ce tableau, J'ai le mĂŞme regard que sur la Croix», dĂ©clara le Seigneur Ă  son apĂ´tre. En vĂ©ritĂ©, c'est tout un art de rendre un Christ rayonnant dans l'immensitĂ© de sa bontĂ©, et, simultanĂ©ment, attristĂ© par l'ingratitude humaine!

Le tableau que nous avons édité à Rome répond le plus fidèlement aux indications de Soeur Faustine. Dans l'exécution de cette image, le peintre a tenu compte des moindres détails donnés par Soeur Faustine sur les indications de Jésus Lui-même. Nui artiste ne peut nous donner une représentation exacte de la Miséricorde, c'est évident; il faut cependant avouer que, pour nos moyens humains, ce tableau symbolise à merveille l'attribut divin, objet de notre culte. Un Jésus ressuscité, magnifique et puissant, débordant de jeunesse et pourtant grave, qui apparaît à ses disciples effrayés, et semble dire: «Paix à vous!».

Le visage spiritualisé du Christ s'exprime dans un doux regard; ses traits décontractés éliminent toute crainte; ses lèvres muettes, émeuvent et transforment...

La tunique blanche, descendant jusqu'à ses pieds, nus et transpercés, est d'une éloquence impressionnante; elle incite à une vie meilleure, noble et pure. Deux gerbes de rayons éblouissants, rouges et blancs (le Sang et l'Eau), jaillissant des profondeurs du Coeur invisible, laissent entendre que la Miséricorde de Dieu est intarissable, constamment abondante, mais par contre, jamais mise totalement à profit.

Enfin, comme pour convaincre les plus obstinés pécheurs, le Christ bénit de sa main droite tous ceux qui viennent chercher refuge auprès de sa Miséricorde. Tous y sont admis, sans exception!

«Je donne aux hommes un vase avec lequel ils iront puiser aux sources de ma Miséricorde. Ce vase est le tableau portant l'inscription: 'Jésus, j'ai confiance en Vous! Quiconque vénérera ce tableau, celui-là ne périra pas. Je le défendrai Moi-même comme ma propre gloire.

Par cette image, j'accorderai de nombreuses grâces aux âmes. Elle doit leur rappeler les exigences de ma miséricorde, car même une très grande foi ne peut rien sans les actes».

III. — Il importe Ă©galement que l'Eglise entière — et non seulement les individus — honore, dans une FĂŞte spĂ©ciale, l'un des plus grands attributs de NĂ´tre-Seigneur: sa MisĂ©ricorde.
Dans l'histoire de l'Eglise, l'institution d'une fête liturgique, basée certes sur le dogme mais occasionnée par des révélations, n'est pas un cas rare. Au XIIIe siècle, la Fête-Dieu fut créée à la suite des révélations reçues par Sainte Julienne de Cornillon, et la Fête du Sacré-Coeur, grâce aux révélations à Sainte Marguerite-Marie Alacoque.

«J'exige que l'on honore solennellement ma Miséricorde. Cette fête est sortie de mes entrailles; Je désire que ma Miséricorde soit célébrée d'une façon tout à fait solennelle, le premier dimanche après Pâques... Je veux aussi que ce jour soit une occasion de refuge et de recours pour toutes les âmes, et surtout pour les grands pécheurs. En ce jour, la plénitude de la Miséricorde se déversera comme un océan de grâces sur toutes les âmes qui viendront s'abreuver à la Divine Miséricorde.»

Prions, par consĂ©quent, pour que le projet d'une telle fĂŞte gagne le coeur de tous les humains. C'est alors seulement qu'exigĂ©e par la piĂ©tĂ© populaire et mĂ»rie dans la doctrine de l'Eglise, l'institution de cette fĂŞte deviendra rĂ©alitĂ© et couronnera les efforts de millions de propagateurs et apĂ´tres de la MisĂ©ricorde Divine! «L'instauration de cette solennitĂ© — Ă©crivait le confesseur de Soeur Faustine — est le but premier de nos dĂ©marches. Lorsque l'humanitĂ© comprendra que Dieu est avant tout misĂ©ricordieux, c'est alors seulement qu'elle se tournera vers Lui. Il n'est pas, Ă  l'heure actuelle, d'entreprise qui soit davantage crainte par l'enfer que celle-lĂ , ni plus combattue que l'Oeuvre de la MisĂ©ricorde Divine.»

Du reste, «l'apôtre» de la Miséricorde était du même avis: «Oh! si dans cette affaire, il ne s'agissait pas de la grande gloire de Dieu et du Bien de nombreuses âmes, le démon ne s'opposerait pas de la sorte; mais il voit tout ce qu'il y perd. Maintenant, je comprends que la Miséricorde soit le principal objet de la haine de Satan. C'est son plus grand tourment. Et pourtant les paroles du Seigneur ne passeront pas, car la voix de Dieu est vivante et nulle difficulté ne détruira ses oeuvres... Bien au contraire, elles montrent par là qu'elles viennent de Dieu... ».

Puissent les dĂ©sirs de Soeur Faustine ĂŞtre ceux de tous les apĂ´tres de la MisĂ©ricorde Divine: «Oh! comme je dĂ©sire vivement que toutes les âmes vĂ©nèrent Ta MisĂ©ricorde! Heureuse l'âme qui a recours Ă  la MisĂ©ricorde du Seigneur, car Il la protĂ©gera — en vertu de ses promesses — comme sa propre gloire. Et qui oserait affronter Dieu? Ames de l'Univers, glorifiez la MisĂ©ricorde du Seigneur! ImprĂ©gnez votre vie de confiance en sa bontĂ©, et Ă  l'heure de la mort, surtout, ne craignez rien! Qui que tu sois, aie recours Ă  la MisĂ©ricorde de Dieu. Plus ton pĂ©chĂ© est grand, plus tu as droit Ă  sa MisĂ©ricorde. O Bon tĂ© inconcevable! Dieu en personne daigne s'abaisser jusqu'au pĂ©cheur!... O JĂ©sus, je dĂ©sire glorifier ta MisĂ©ricorde pour des milliers d'âmes!... »

«Profitons de la Miséricorde, alors qu'il est encore temps.,, » crie notre pieuse messagère; depuis vingt siècles déjà, le Sauveur frappe à la porte de notre coeur, promettant, tout en prévenant: «... Le plus grand pécheur qui en appelle simplement à ma pitié désarme mon courroux; Je le justifie par ma Miséricorde insondable et infinie... Avant de venir comme Juge équitable, j'ouvre toutes grandes les portes de ma Miséricorde; qui ne veut les franchir doit passer par ma Justice.»

Si nous avons entrepris de publier les présentes remarques, c'est dans le ferme espoir de voir se réaliser les paroles que Nôtre-Seigneur prononça à Soeur Faus-tine au cours de sa dernière maladie, couronnée cinq mois plus tard par une mort paisible:

«Secrétaire de mon mystère le plus profond, sache que tu es dans mon exclusive intimité. Ton devoir est de noter tout ce que mon Coeur te fait connaître sur ma Miséricorde, ceci pour le bien des âmes qui te liront. Elles s'en trouveront consolées et auront plus d'assurance pour s'approcher de moi.» Et encore:

«Ma fille, dis-leur que moi seul suis l'Amour et la Miséricorde. Fais tout ce qui est en ton pouvoir pour propager la dévotion à ma Miséricorde, parle au monde de ma Miséricorde, afin que tous les hommes reconnaissent qu'elle est infinie.»

Encore un mot sur la dévotion mariale de Soeur Faustine: «Je vis sous le manteau virginal de la Mère de Dieu; c'est elle qui m'instruit et me garde...car je suis faible et ignorante.» Cet aveu résume l'attitude de la messagère vis-à-vis de Marie qui fut réellement «son Guide» dans la compréhension du mystère de la Miséricorde. Et Soeur Faustine s'est efforcée d'être fidèle aux consignes de la Reine clémente et Mère de Miséricorde: «Parle aux hommes de la grande Miséricorde du Seigneur, tant que dure le temps de la compassion. Si maintenant tu te tais, tu seras un jour responsable pour un grand nombre d'âmes. N'aie aucune crainte et sois fidèle jusqu'à la fin.» Elle le fut; elle, qui au bas de sa dernière lettre à la Supérieure générale a signé: «Soeur Faustine, abîme de misère et petit rien.»